Donner après avoir reçu
« Donner après avoir reçu » c’est ce qui motive certains de nos bénévoles. Alors qu’ils vivaient des situations difficiles, ils ont trouvé de l’aide auprès d’associations. Aujourd’hui, leur situation s'étant améliorée, ils ont décidé de tendre la main à leur tour.
Après une perte d’emploi, une perte de revenus ou encore des accidents de la vie, des personnes se trouvent dans des situations compliquées. Au prise avec leurs difficultés, elles poussent les portes d’association et sollicitent un soutien. Ces événements les marquent, certaines n’osent pas en parler, d’autres en parlent librement. Parmi elles, quelques unes ont décidé de s’investir auprès des plus fragiles, se rappelant le moment quand "au fond du trou", plusieurs personnes les ont aidés à s’en sortir. Dans cet article, nous vous proposons plusieurs de leurs témoignages.
Le plus compliqué pour toutes les personnes interrogées est d’accepter d’avoir une aide, de pousser les portes d’une association. Une fois cette étape franchie, ces personnes sont écoutées, soutenues et retrouvent un lien.
« Après, j’étais beaucoup mieux, dans ma vie et dans ma tête, parce que quand on se trouve coupé de tout, on se trouve complètement asphyxié, psychologiquement, parce que vous vous demandez comment vous allez faire. Une fois ma situation stabilisée, j’ai continué de rendre visite aux personnes qui m’ont aidée.»
Au-delà de l’écoute et de l’accompagnement des personnes dans leurs démarches, les associations, notamment le Secours Catholique, proposent aux personnes accueillies de s’investir, de revenir "la tête haute" et d’avancer. Première étape pour une reconstruction.
« Une dame m’a dit : « Mais pourquoi tu ne ferais pas partie de notre équipe ? » je lui ai répondu : « Mais je suis tout à fait d’accord ! Vous m’avez aidée, donc maintenant je peux aider les autres et vous aider, vous. [..] J’ai accepté volontiers, et petit à petit, j’ai fait connaissance avec des bénévoles qui faisaient partie de cette association, j’ai participé, tout doucement, en apprenant avec elles ce qu’il y avait à faire, et cela m’a plu.»
Pendant que d’autres ont besoin de reprendre confiance, d’autres ont juste besoin de se sentir moins seuls, d’échapper à leurs problèmes et de se sentir soutenus :
« Je ne parle pas forcément de mes problèmes à tout le monde, je me sens bien parce qu’il y a une atmosphère qui fait que je ne me sens pas seule dans cette situation et je me sens soutenue. Ça me réconforte en étant bien entourée. »
« J’avais l’impression d’être médiocre, sans avenir, en marge de la société. Beaucoup de personnes se présentent à travers leurs emplois, ne parlent que de leurs histoires de boulot, tout tourne autour du travail. Si on n’a pas de travail, on est personne. J’ai beaucoup pleuré, j’ai été beaucoup angoissée, cela n’a pas été facile. Je n’avais pas confiance en moi et la recherche d’emploi l'a encore plus dégradée. Je me trouvais de plus en plus incompétente, nulle, médiocre. Que si on ne voulait pas de moi, c’est parce que je ne valais rien. Échanger avec les autres sur les réseaux sociaux, ou ailleurs [dans les associations], ça m’a aidée.»
Au fur et à mesure que les personnes se relèvent, les associations confient de plus en plus de responsabilités et essayent au mieux de donner des tâches que les personnes recherchent pour montrer que de nouveau, ils peuvent avoir des compétences recherchées.
« Je me sentais disposée à faire l’accueil, mais il faut apprendre. Et donc j’ai accompagné la personne qui s’occupait spécialement de l’accueil, je l’ai écoutée, je l’ai observée, j’ai écouté les accueillis, les questions que posait ma collègue - très important ! - j’ai tout enregistré, et un beau jour elle m’a dit : « Bon, maintenant, tu prends ma place ! » Donc, au départ, c’est moi qui questionnais, et tout doucement, j’ai progressé, et quand je doutais de moi - parce qu’on n’est jamais trop sûre au départ – donc je lui posais les questions qui me semblaient un petit peu hors de ma compétence, et de mes prises de décision surtout. Donc, elle m’a expliqué tout doucement, et après, eh bien, c’était elle qui était à côté et moi, j’étais à sa place. »
Une fois que ces personnes reprennent confiance, certaines trouvent un emploi et d’autres continuent à essayer de s’insérer dans la société. La plupart d’entre eux continuent à donner de leur temps pour rencontrer d’autres personnes, se faire des amis et d’autres décident même de s’orienter vers des métiers du social.
« J’ai été bénévole dans une association d’aide aux sans-abris et précaires. Je dirais que cela m’a occupée et m’a permis d’être active. Mais évidemment parler à des gens et faire partie d’un groupe a permis de rompre une part de mon isolement. »
« En fait, je suis entré dans l’associatif pour plusieurs raisons [...] mais c’était aussi un prétexte pour rencontrer des personnes qui ont les mêmes valeurs, et rencontrer des personnes d’ici. C’est un biais plus facile pour rencontrer les gens de voir des personnes d’un peu partout dans l’île. Cela m’a permis d’avoir une vie sociale. »
« J’ai appris aussi à connaître les autres personnes qui faisaient partie de l’association. C’est en étant ensemble et en apprenant une activité qu’on apprend à connaître les personnes. Et après, j’ai compris que c’était une association sociale, [...] et que je pouvais aider dans d’autres domaines ! Au début, c’était apprendre la cuisine pour moi-même, mais après cela m’a ouvert une autre porte. »
« C’est une occasion de connaître ses voisins, de connaître d’autres personnes qu’on ne pourrait pas rencontrer autrement parce qu’ils ne font pas partie de notre cercle d’amis, mais ils sont là, ils habitent à côté et c’est l’occasion de rencontrer des personnes comme ça. C’est aller au-delà de son cercle d’amis habituels. Et quand on arrive à aider quelqu’un, c’est très gratifiant ! »