Accompagner ceux qui vivent une perte d’emploi ou de revenus
La perte d’un emploi ou d’un revenu est toujours une situation compliquée pour ceux qui la vivent. Alors que le taux de chômage reste important dans l'île, de plus en plus de personnes se retrouvent dans des situations financières difficiles. Au-delà d’un loyer, qu’ils ne peuvent plus forcément payer, certains n’arrivent pas à se nourrir et à payer leurs factures.
Une perte de revenu soudaine
Souvent la situation des personnes rencontrées est la même : des difficultés pour trouver un emploi stable à l'issue des études ou une perte d'emploi à la suite des crises sanitaire et économique. Toutes essayent de s’en sortir par elles-mêmes avant d’envisager d’aller vers les associations.
« J’avais un emploi stable pendant 4 ans, mais cette année je me suis retrouvée sans emploi. J’ai donc essayé de trouver des solutions par moi-même ; j’ai utilisé toutes mes économies pour payer mes factures, mes charges en fait, mais très rapidement je me suis retrouvée en difficulté. Je n’arrivais plus à payer mon loyer, parce que je n’ai pas d’aide au logement et ayant les allocations chômage, ce n’est pas assez pour payer toutes mes charges et même pour me nourrir.»
« J’ai terminé mon premier Master, j’avais 23 ans. J’ai essayé de trouver un emploi, en vain. J’étais inscrite à Pôle emploi. Je ne touchais aucune aide de l’État. Afin de ne pas perdre la main et de gagner de l’expérience, j’ai décidé de faire un autre Master. De même, recherche d’emploi. Sans succès. Pendant ce laps de temps, j’étais hébergé -gratuitement - chez mes parents. Sans revenus, sans aide financière de l'État. Ce n’est qu’en 2016, deux ans après la fin de mes études, il me semble, que j’ai fait la demande pour le RSA. J’ai obtenu cette aide. J’ai continué ma recherche d’emploi sans succès, j’ai essayé de me reconvertir vers un domaine connexe à celui que j’ai étudié. En 2019, j’ai décidé de me convertir dans la data. J’ai obtenu une bourse, sans l’aide de Pôle emploi et non financée par l'État, la région ou autre. C’était une bourse financée par l’école elle-même. À la fin de ma formation j’ai cherché un emploi et un an après j’ai décroché mon premier job. »
D’autres, pour diverses raisons de problèmes de santé, d'accident du travail, de chômage…, ont eu leur prestations sociales suspendues suite à des modifications de loi et ont également essayé de s’en sortir elles-mêmes…
« J’ai eu des problèmes financiers suite à des prestations que je touchais régulièrement, et j’ai été mise au courant 15 jours avant que ça devait s’arrêter. C’était une nouvelle loi qui passait et donc c’était supprimé. Au bout de plusieurs mois où je faisais face quand même avec le peu d’économies que j’avais – je me suis sentie obligée d’aller dans une association pour me faire aider. [...]Je ne pouvais pas vivre comme ça.»
Se tourner vers les associations
Les personnes rencontrées sont unanimes : le moment compliqué, c’était le moment où il a fallu demander de l’aide aux associations. La plupart des personnes interrogées ont attendu le dernier moment avant de faire appel au monde associatif ou social.
Certaines ont même surpris les services sociaux et n’ont pas voulu rester dans le système.
« Mais, Madame, il fallait venir plus tôt ! » Suite à ça, j’ai retrouvé le circuit normal de remise en route, donc du circuit financier. Quand tout a été bien, je leur ai dit : « Bon ça y est, je suis OK, je peux vivre normalement» et elle m’a dit :« Mais Madame, on va continuer encore trois mois pour que vous ayez bien les pieds au sol ». »
D’autres ont fait appel à la famille et aux amis pour s’en sortir avant de se rendre compte qu’il n’y avait pas d’autres issues possibles : « Sachant que je suis en pleine reconversion professionnelle, ce n’est pas du tout évident pour moi de gérer ma situation. Je cherche aussi des formations pour pouvoir me réorienter, mais j’ai du mal à trouver. Du coup j’ai demandé de l’aide à ma famille et mes amis pour me dépanner financièrement, mais finalement je n’ai pas eu d’autre choix que de me tourner vers des associations et les assistantes sociales, car j’ai trop de difficultés à gérer ma situation, et il fallait que j’aille voir des personnes qualifiées pour m’aider. »
Et enfin il y a ceux qui ne veulent que l’aide minimale tout en ayant peur pour le futur, et qui sont restés que sur un seul objectif : un emploi. « Il est certain qu’en ne touchant que le RSA, il y a moins de place pour les loisirs et la crainte de se trouver réellement dans la difficulté. La peur de l’avenir, notamment avec la retraite - n’ayant pas beaucoup cotisé, j’ai aussi peur pour mon avenir financier quand je serai vieille. Je me suis inscrite à un accompagnement de recherche à l’emploi. Parler à des gens et faire partie d’un groupe a permis de rompre une part de mon isolement. »
Une fois passée la dure étape de demander de l’aide, les personnes rencontrées essayent au fur et à mesure d’avancer, parfois les démarches sont plus longues, plus compliquées et elles essayent, avec de l’aide, de stabiliser leur situation pour s’en sortir. Le fait d’appeler les associations ont permis de rompre l’isolement, de chercher d’autres solutions et au final a apporté un réconfort.