
Intervention de l'équipe Urgences-France du Secours Catholique à Mayotte
Deux mois jour pour jour après que le cyclone Chido a semé la dévastation à Mayotte, voici des nouvelles de l’aide apportée sur place par les équipes du Secours Catholique.
D'abord un grand merci à tous les donateurs qui ont répondu à l'appel à la générosité! Grâce aux dons reçus, tant par la délégation de La Réunion qu'au niveau national, le Secours Catholique a pu répondre aux besoins de toute première urgence, et mettre en place un dispositif de soutien à plus long terme selon trois axes primordiaux.
Dès le lendemain de Noël, les bénévoles de La Réunion se sont mobilisés en nombre pour acquérir des denrées de première nécessité (eau, huile, riz, farine, conserves, savon...) et confectionner des colis, envoyés grâce à un pont aérien. Un nouvel envoi a eu lieu début janvier. En tout, 300 colis alimentaires ont été acheminés, ainsi que des colis d’outils pour le déblayage. Le délégué de la Réunion s’est rendu sur place dès la fin décembre afin de participer au déchargement et à la distribution des premiers colis, et de « prendre le pouls » de l’île dévastée.
Dès le rétablissement des vols réguliers, cinq bénévoles de l’équipe Urgences-France sont partis à leur tour. Leur mission : poursuivre, en coordination avec la délégation locale, la distribution de colis sur l’ensemble de l’île (les routes ayant été dégagées entre-temps) et proposer un soutien moral et solidaire à ceux qui avaient besoin d’être écoutés. Et ils étaient nombreux. «Les gens disaient ‘ça va, mais j’ai besoin d’aide, une présence’, rapporte une bénévole. Trouver à manger et à boire était le souci prioritaire mais au-delà de l’alimentaire, il y avait un énorme besoin d’écoute. » Exercice auquel le Secours Catholique est bien rôdé.
Quant au soutien proposé à plus long terme, un dispositif défini en collaboration avec le bureau national du Secours Catholique s’articulera dans la durée autour de trois axes :
*soutien à la population, sous forme de bons alimentaires et / d’équipements ;
*soutien à la micro-économie, notamment aux petits agriculteurs et pêcheurs, et aux bûcherons;
*soutien à la continuité pédagogique.
Utilisés dans les commerces sur place qui commencent à être réapprovisionnés, ces bons contribueront aussi à la relance de l’économie locale, tandis que l’achat de matériel de pêche et de semences permettront le redémarrage de la production agricole locale et artisanale, et l’aide accordée aux bûcherons favorisera l’utilisation du bois couché par le cyclone. Le soutien scolaire, mené en partenariat avec une autre association et en accord avec l’académie de Mayotte, aidera les enfants privés d'école à poursuivre leur scolarité en attendant la réouverture de leur établissement.
"J’avais déjà fait des missions d’urgence, mais je n’ai jamais vécu une situation comme celle-là »
Cette mission « hors normes » a fortement marqué les bénévoles, même ceux qui n’en étaient pas à leur coup d’essai. « Devant tant de misère, on était désemparés", reconnaissent-ils. Mais ils ont été sensibles aussi à l’humilité des gens, à la solidarité et générosité locales: « Les gens se contentent de peu et ne râlent pas. Ceux qui venaient chercher de la nourriture veillaient à en laisser pour les autres, et ceux qui en avaient, même les plus pauvres, partageaient le peu qu’ils avaient. » Le bilan est unanime : « C’était malgré tout une belle expérience, enrichissante, une expérience humaine qui fait grandir. Et cela donne du sens à la mission du Secours Catholique.»
La délégation de La Réunion reste en contact permanent avec celle de Mayotte (dont les acteurs ont besoin de soutien, à l’instar de l’ensemble de la population). Une nouvelle mission est envisagée, afin de poursuivre l’action d’écoute et accompagnement ; soulager la détresse passe aussi par une présence attentive, soutenue et solidaire.