TEMOIGNAGE : NOTRE ACTION AU CENTRE PENITENTIAIRE DU PORT
Le samedi après-midi, au Port, des bénévoles assurent un accueil aux personnes qui rendent visite à un détenu au Centre pénitentiaire, une présence discrète et bienveillante appréciée des familles qui viennent parfois de loin pour voir leur proche. Nous publions ici le témoignage d'une bénévole qui fait partie des équipes. Si son récit vous donne envie de les rejoindre, n'hésitez pas à nous contacter!
Je suis bénévole du Secours Catholique depuis environ 10 ans. 10 ans, c’est long et court à la fois, car je ne les ai pas vu passer.
Depuis 2023, le Secours Catholique a repris ses actions au centre pénitentiaire du Port. Certains bénévoles avaient déjà participé à l’action les années précédant la pandémie. Lorsqu’il nous a été proposé de revenir, j’ai accepté de tenter l’expérience. J’y vais environ une fois par mois avec une ou deux autres bénévoles.
Il s’agit de proposer un café, un verre de jus ou de sirop et quelques petits gâteaux aux personnes qui attendent pour rendre visite à un proche détenu. Nous nous y rendons le samedi après-midi car les bénévoles qui y vont sont disponibles à ce moment-là. Mais il y a « parloir » le samedi matin et le dimanche également.
Au fil des samedis, j’ai appris des petites choses concernant le fonctionnement de l’administration pénitentiaire. Ainsi, les détenus à longue peine sont au Port et ce quelle que soit leur ville d’origine. Les heures de parloir sont fixes et celle ou celui qui vient voir un proche doit être à l’heure sous peine de rater le créneau pour lequel, il ou elle s’est inscrit.
Nous rencontrons donc le samedi après-midi des personnes qui sont parfois parties de chez elles très tôt le matin pour ne pas rater le bus ou risquer un retard à cause des embouteillages. Ceux qui ont pris le bus ont dû marcher depuis le centre commercial jusqu’au parloir, en général sous un soleil de plomb. Bien que ne devant pas leur poser de questions nous apprenons que certaines viennent de Saint-Pierre, Saint-Joseph, Saint-André et même de Cilaos. Ils sont des pères, des mères, des conjoints ou conjointes et parfois des enfants de détenus.
Lorsque notre table est recouverte de sa nappe, ils savent qu’ils vont trouver quelque chose à boire et à grignoter, mais aussi un sourire, une écoute et surtout aucun jugement. Au début gênés, ils ont appris que les bénévoles qui sont là sont là pour eux. On le sent bien, leur visite est attendue par leur proche détenu et l’heure qu’ils viennent passer avec eux va conditionner la semaine de la personne incarcérée. Alors, si avant d’entrer ils peuvent passer un moment convivial, sans personne pour leur rappeler la situation de leur proche et pourquoi il est là, la visite ne peut que bien se passer.
Le nombre de bénévoles engagés dans l’action ne cesse de diminuer et je trouve cela bien dommage car les personnes rencontrées ces samedis-là deviennent des habitués. Lorsqu’ils ne nous voient pas ils sont désolés. Une dame nous disait que son mari demandait qu’elle s’inscrive pour le parloir le samedi après-midi car il peut prendre un café en arrivant de l’est. Une autre est toujours heureuse de venir nous donner des nouvelles de son fils détenu lorsqu’elle sort du parloir avec lui.
Cette action entre à mon sens pleinement dans la mission du Secours Catholique, car la fraternité c’est aussi cela. Nous n’avons aucun moyen d’agir sur la peine du détenu, mais nous pouvons aider ses proches à la supporter.