En réponse à la question qui change tout : Est-ce que ça va ?, le témoignage de Dany

Dany, 27 ans, après avoir travaillé en métropole dans le milieu de la restauration, a pris fin 2019, la décision de rentrer à la Réunion, sa terre natale, avec le  projet d’ouvrir un food-truck. Début 2020 l'apparition du Covid l'a obligé à mettre son rêve de côté. Sans travail et sans ressources, il a fini par approcher les institutions et solliciter de l'aide. C''est ainsi qu'il a atterri au Secours Catholique, à Piton-Saint-Leu plus exactement, où Chantal l'a accueilli. La suite, c'est lui qui la raconte...

« Le plus dur, ce n'est pas de tout recommencer à zéro, c'est de ne plus exister aux yeux des autres. Je suis d'abord allé au centre communal d'action sociale (CCAS). Là-bas, c'est totalement impersonnel, j'étais un simple numéro. On m'a juste dit : « Il faut faire ça et ça », sans réellement apporter une solution personnalisée à ma situation. Étant seul, j’ai tout de même voulu parler à mon assistante sociale - que je remercie notamment . Après plus d’une heure d’appels passés envers différents organismes publiques, elle a réussi à me mettre en relation avec le Secours Catholique qui est prêt à m’aider. Quand je suis arrivé au Secours Catholique, je ne savais pas ce que c'était, je connaissais de nom , un nom assez imposant d'ailleurs. »
 

Waouh - j'existe !

Dany affirme qu'à la question toute simple : « Est-ce que ça va ? », tout a changé  : « À partir de là, j'ai pu vider mon sac, et après ça, avec trois petits conseils - qui étaient sous mes yeux mais je ne les voyais pas - j'ai pu remonter la pente. Pendant deux mois, j'ai été invisible. Ici, dans le bureau du Secours Catholique, je me suis dit : "waouh“ ! J'existe ! »
Aujourd'hui, à défaut (pour l'instant) de pouvoir exercer son métier, Dany a un projet et l'ambition de : « Redonner de la visibilité à l'invisible en partageant son histoire ». Il aimerait filmer et poster sur Instagram les témoignages de ceux qui sont "invisibles". « Il faut leur donner de la visibilité. Une personne peut être là, allongée au sol, les gens passent sans rien dire, ils ne la voient même pas et la personne n'ose rien demander, » martèle-t-il. 

Pour avancer, il faut être prêt à avancer

Selon lui, c'est ainsi que les SDF finissent par rester entre eux : « D'un côté ça peut être bon de se retrouver mais ça peut être négatif aussi, on ressasse toujours la même chose. » Dany veut montrer ceux qui se battent pour s'en sortir : « Pour avancer, il faut être prêt à avancer. » Son idée est de monter d'abord une vidéo-maquette, et ensuite de solliciter des témoignages. Il aimerait créer également un forum sur Instagram où les gens pourraient raconter comment il s'en sont sortis.  
Hormis son désir de « rendre visibles » ces compagnons d'infortune, Dany a deux autres objectifs en tête. D'une part, toucher les jeunes : « Je voudrais leur dire: "ça peut t'arriver à toi, fais attention !" Cette descente aux enfers, je n'ai jamais pensé que ça m'arriverait. Quand j'étais en métropole et je suis arrivé ici, j'ai toujours pensé que tout irait bien. »  Et d'autre part, partager des informations sur les associations, le Secours Catholique notamment : « Les gens ne sont pas assez renseignés, ils ne savent pas ce que c'est. Il faut à la fois leur montrer des gens qui sont en train de s'en sortir, et communiquer sur l'association, tout ça réuni dans la même vidéo. En peu de temps, avant qu'on ne zappe.  » 

Le bénévolat, c'est ce que l'on donne avec le cœur

Futur bénévole, Dany voudrait aussi encourager d'autres à le rejoindre: « Je voudrais montrer aux jeunes qu'en mettant son petit grain de riz, en devenant bénévole, on peut aider les gens - je voudrais aider les jeunes à continuer comme bénévoles. Même quand on est sans ressources, le bénévolat, c'est ce que l'on donne avec le cœur. »