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La Réunion

À la Kaz fraternelle, 6 mois d'actions

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Voilà plus de 6 mois que la Kaz fraternelle de Sainte-Clotilde a ouvert ses portes. Après des travaux de rénovation, cet ancien magasin de meubles repris par le Secours Catholique et l’association Sourires partages reçoit ses visiteurs. Ateliers, formations, actions ponctuelles ou régulières... faisons le point sur ce qui s’y passe depuis son ouverture.

La première chose que l’on remarque en y arrivant, c’est que la Kaz a beaucoup gagné en visibilité ! Grace au talent artistique de Thierry, de la Féderation dioysienne de l’éducation populaire (Fedep), et de quelques autres personnes, bénévoles, personnes accueillies et d'autres associations…, l’extérieur attire l’attention par les couleurs vives de sa jolie fresque. Les « mots clés de nos deux associations : Écoute, partage, joie, tolérance, fraternité - y figurent en bonne place ! L’ancien parking a été transformé en terrasse et arbore des tables et des chaises où l’on peut discuter sous de grands parasols rouges. « Tout est fait à partir de matériel de récupération, précise Michèle, de Sourires partagés. Rien ne se perd ici.»

Derrière, le terrain se transforme aussi, mais plus lentement. Le bâtiment est construit sur une ancienne ravine, et les pierres indésirables ont déjà rempli plusieurs camions… En attendant que soit trouvé une solution pour confier le terrain à une entreprise de réinsertion, objectif initial, un collectif constitué d’habitants du quartier l’a pris en charge. Daniel, l’un des membres s’échine à préparer son bout de terrain. « Mon rêve serait de faire pousser des fleurs, dit-il, faire un jardin d'agrément ! Mais d’autres préfèrent autres choses : bringelles, salades, oignons, ail, maïs - tout peut pousser ici ! » En tous cas, Daniel ne ménage pas ses efforts pour transformer le lit de ravine en terrain cultivable. « Il faut qu’on le vire à 16 heures, plaisante Ludovic, sinon il y passerait la nuit ! »

À l’intérieur, l’espace du rez-de-chaussée est réparti en plusieurs zones distinctes. La grande table qui trône au milieu peut accueillir de nombreuses personnes, que ce soit pour une réunion ou pour un moment convivial. À gauche en entrant, un espace de jeux tapissé de vert et entouré de plantes attirent les enfants du quartier qui n’hésitent pas à venir en profiter le mercredi après midi ! En face, quelques fauteuils et canapé autour d’une table basse invitent les adultes à un moment de détente ou de discussion.  Puis vient le coin informatique où peuvent avoir lieu des séances d’initiation au numérique. 

L’objectif n’est pas forcément que le Secours Catholique ou Sourires partages assurent la mise en œuvre de telles activités. Comme Damien l’a expliqué avant de partir: « On peut aller dans le quartier et dire à quelqu’un qui fait des cours de FLE, par exemple : « Viens à ma kaz ! Viens faire tes cours chez moi ! Je mets à disposition un espace frais, une ambiance agréable … Je n’ai pas vocation à tout faire, j’ai vocation à te permettre à toi de le faire, à mettre des moyens à ta disposition.»

La proposition a été accueillie à bras ouverts par Pascale, de l’association Symbiose. Lorsqu’elle n’est pas devant ses élèves au lycée Levavasseur à Saint-Denis, cette enseignante dévouée anime des séances de soutien scolaire destinées aux jeunes du quartier, notamment ceux qui arrivent de Mayotte. « La différence de niveau entre La Réunion et Mayotte est telle, explique-t-elle, que même s’ils ont été scolarisés avant d’arriver ici, ces jeunes sont complètement perdus. Souvent, à 8 ou 10 ans, ils savent à peine lire, alors évidemment, ils ne peuvent pas suivre en cours.» 

Ce mercredi, une dizaine d’enfants déboulent et montent au premier étage de la Kaz Fraternelle, plus à l’abri des distractions. En habitués, ils s’emparent des livres, et très vite, après quelques petites chamailleries, le calme s’installe. Chaque enfant se débat avec sa lecture, aidé par Pascale et par quelques jeunes de l’aumônerie venus prêter main forte. Avant, c’est en bas de son immeuble que Pascale passait les mercredi après-midi à initier ces jeunes à la lecture. « Alors vous pensez ! sourit-elle, ici, à côté, c’est le paradis ! »

Naturellement, certaines actions restent du ressort du Secours Catholique ! C’est notamment le cas de l’Accueil, assuré tous les mardi et jeudi matin par Raymonde et Bruno, assistés de Marilyne. Raymonde avoue que déménager de la Kaz Béthanie n’a pas été facile: « Quand on est arrivés, on ne savait pas trop où on allait, et les gens étaient un peu perdus, ils ne savaient pas où se trouvait notre Accueil, confie-t-elle, mais cela commence à changer ! ». L’équipe s’est aménagé un espace un peu en retrait mais Raymonde : « Quand les gens viennent nous voir, ils ont souvent des choses très dures à raconter, explique t-elle. Parfois ils pleurent – ils n’ont pas envie que les autres les voient ! Et les personnes âgées ont peur du ladilafé ! ».

D’autres actions régulières sont placées sous la houlette de Sourires partage. Ainsi, quatre fois par semaine, dans le cadre de l’opération Anti-gaspi, mise en place par la mairie de Saint-Denis, Michèle se rend à l’école primaire en face pour récupérer des barquettes à la cantine scolaire. « Ce sont des surplus, pas des restes, précise-t-elle. Je passe aux cuisines à 11h15, avant le service de repas ! » Les barquettes sont ensuite remises à des personnes isolées, en situation de précarité inscrites à l’opération, qui viennent les chercher la Kaz fraternelle. Un dispositif similaire fonctionne pour la distribution de colis alimentaires, le vendredi après-midi - « Là, c’est en fonction des stocks disponibles » précise Michèle.

Puis, il y a les actions plus ponctuelles : les stages de formation destinés aux bénévoles, par exemple, les réunions inter-équipes ou encore, des ateliers divers. Sans oublier quelques évènements de plus grande ampleur. Au quatrième trimestre 2021, les enfants ont participé à des ateliers animés par Zanmari Baré, en vue de préparer la fête du 20 décembre. Le musicien leur a appris à jouer et chanter le maloya et même à fabriquer des instruments traditionnels tels que le bobre ou le rouleur. Et tout cela a culminé par un Kabar organisé par la Kaz ! 

En février, la Kaz a organisé son premier Fripes Koz Kafé. Des habitants du quartier ont récupéré des vêtements et échanger autour d'un thé ou d'un café. Et le mois dernier, les bénévoles de la Kaz fraternelle et du Nord ont organisé une vente solidaire au profit de l'Ukraine. Vêtements, plantes, jouets et petits gâteaux ont été proposés à la vente entre 1 et 5 euros, et toute la journée, l’évènement a attiré du monde. « Les gens étaient là avant l’heure, ils attendaient que l’on ouvre ! » s’est réjouie Fabienne, l’une des organisatrices. Tous les fonds récoltés ont été reversés aux Caritas chargées de soutenir Ukrainiens. 

D’autres actions sont en projet pour les mois qui viennent. Et, comme l’a rappelé Damien, la vocation de la Kaz fraternelle est d’être la maison de tous. Toutes les bonnes volontés sont bienvenues ! 

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