À Saint-Pierre, le café de rue continue

Entre cyclones et Covid, les turbulences n’ont pas manqué dernièrement, mais les bénévoles qui animent le café de rue à Saint-Pierre assurent le rendez-vous hebdomadaire en face du casino.

Ce matin, l’équipe à l’œuvre est essentiellement féminine. Françoise et Marie-Paule préparent des sandwiches au rougail dakatine bien piquant, ou bien à la confiture pour ceux qui préfère le sucré. Marie-Pierre et sa fille Maxence, toujours fidèles au poste, font couler le café et , aidées par Alain, assurent le service.

Dès leur arrivée à 8h 30, il y a du monde qui attend, les gens se pressent autour des deux tables jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. « C’est la fin du mois ! fait remarquer Marie-Pierre. En début de moi on a entre vingt et trente personnes, mais les troisièmes et quatrièmes samedis du mois, ça monte à quarante ou cinquante ». Les murettes en demi-cercle autour de la place sont bien remplies.

Une fois passé le "rush" du début, les bénévoles circulent parmi les convives et discutent un peu avec eux. L’immense majorité est des habitués. « Il y a toujours un ou deux nouveaux, explique Françoise, mais la plupart sont là tous les samedis. On les connaît bien maintenant. Si, pour une raison ou une autre, on ne peut pas venir, on a le téléphone d’une ou deux personnes pour qu’elles préviennent les autres. »

Elles sont secondées, comme tous les samedis, par des bénévoles de l’association Fraternité Lataste, qui intervient souvent en lien avec Secours Catholique. « Nous avons les mêmes objectifs, raconte Denise, nous allons vers les plus démunis, les prisonniers – peu importe son histoire, son passé, c’est l’humain qui compte. Et comme le Secours Catholique, nous ne mettons pas de barrière. »

Pas de barrière non plus au café de rue. Tous ceux qui veulent bien s’approcher sont bienvenus, qu’ils soient sans abri, sans ressources ou tout simplement à la recherche d’un peu de compagnie et de chaleur humaine. 

Les bénévoles reconnaissent que ces deux dernières années, il a parfois été compliqué de maintenir le rendez-vous, notamment à cause de tracasseries administratives : « Avant le Covid, l’autorisation était annuelle. Mais avec la pandémie, il a fallu demander l’autorisation toutes les semaines. On déposait la demande le lundi matin et la réponse nous arrivait le vendredi après-midi ! Pourtant, cette crise a bien montré que les autorités ont besoin de nous pour accueillir ces populations ! » 

Françoise, coordinatrice, avoue qu’il n’a pas été facile non plus de « faire le gendarme » pour assurer le respect des gestes barrières. « Mais là, dit-elle, ce sont les gars qui nous ont aidés, ils rappelaient aux autres de mettre le masque avant d’approcher la table de service, de rester à distance d’un groupe où il y avait déjà six personnes... Ils ont bien joué le jeu. »

Elle espère, comme tout le monde, que le café de rue puisse poursuivre son chemin en toute fraternité.