Une matinée avec des bénévoles du Chaudron
La case Béthanie, au Chaudron, ouvre ses portes le mardi et le jeudi matin. Les murs de ce local aéré sont tapissés de jolis dessins colorés et parfois cocasses, finement exécutés par Robert, dit Bob, l’un des bénévoles. De grandes tables réparties dans les différentes pièces permettent de recevoir plusieurs personnes à la fois, et, s’il faut faire la queue, on peut patienter en feuilletant un livre de la petite bibliothèque, installé sur un sofa confortable. À côté, on peut discuter autour d’un café, un thé, un bout de gâteau… Le coin petit-déjeuner propose de quoi se restaurer.
Ce jeudi matin, Raymonde est attablée derrière une pile de dossiers qui doivent passer demain devant la commission. Cela fait 21 ans qu’elle est bénévole au Secours Catholique et qu'elle a assuré beaucoup de tâches différentes au sein de l’équipe. Aujourd’hui, elle a en charge les dossiers de demande d'aide. C’est elle qui les présentera demain à la commission, et auparavant elle doit les vérifier et s’assurer par un coup de fil que la demande est toujours d’actualité. « Je présente le dossier, mais ce n’est pas moi qui décide, dit-elle. L’équipe locale peut attribuer, après étude en binôme, des aides d’un montant limité, mais pour un soutien plus conséquent c’est la commission qui décide. C’est mieux ainsi parce que quand on a accueilli la personne, cela devient plus compliqué de trancher. »
Matinée chargée, donc, pour Raymonde, mais elle prend quand même le temps de bavarder un peu et présenter l’équipe et ses actions. Quand elle est arrivée de Madagascar avec sa famille, elle a rapidement cherché à s’engager dans une association pour ne pas rester enfermée chez elle. « Le jour où j’ai frappé à la porte de la délégation, j'ai commencé tout de suite, dit-elle. Le Secours Catholique m’a donné ma liberté ! » Il l’a soutenue aussi, lors de la mort tragique de son mari dans un accident. Elle a donc à cœur de soutenir les autres à son tour.
Bruno, par exemple, qui s'est présenté il y a 7 ans, au Secours Catholique en sollicitant un soutien, après le décès de sa femme, est aujourd'hui secrétaire de l'équipe. « C’est un bon exemple de notre accueil, dit Raymonde. On l’a soutenu et accompagné et aujourd’hui, lui, il nous aide beaucoup. Il m’aide même à préparer la messe en malgache ! » À l’œuvre devant son l’ordinateur, Bruno sourit et approuve.
Un autre « ancien accueilli devenu accueillant » arrive pour prendre un café et échanger un peu. Roger est venu grâce au bouche à oreille, en 2017, et « de fil en aiguille, on est devenu des amis. » Roger part bientôt rejoindre ses enfants installés en métropole et a besoin d’un coup de main pour remplir des papiers. Raymonde l’aide à faire la démarche.
Un peu plus tard, arrivent deux autres personnes qui ont besoin d'un soutien en compagnie de Marie-Éve, travailleuse sociale à la Croix Rouge. Un point est fait sur leur dossier. Les deux associations travaillent ensemble, notamment quand il y a des cas difficiles à gérer. « Certains accueillis ne sont pas commodes, dit Raymonde. Surtout, il faut rester calme. Il y en a d'autres qui commencent par refuser ce qu’on leur offre, à manger par exemple, mais finalement ils prennent quand même avant de partir. »
Pendant ce temps, Jean-Paul complète le registre des personnes reçues et des solutions proposées. « C’est important de garder une trace, dit Raymonde, pour que les gens ne disparaissent pas comme ça dans la nature. On peut prendre de leurs nouvelles, et voir comment leur situation évolue. On les accueille, on les écoute, mais on essaye aussi de les aider de façon active et pratique.»
Le trio de bénévoles présents ce matin ne représentent qu'une partie de l'équipe. Le mardi notamment, et en période d'affluence, comme en milieu de mois, Maryline, Nicole, Jacqueline, Cyril, frère David, Dominique et Robert sont là pour prêter main forte aussi. Mais l'équipe du Chaudron cherche tout de même des bénévoles pour le jeudi matin... à bon entendeur !
